Traces

Une tache peut apparaître, la suivante semble en naître, rien n’est décidé d’avance ; le plaisir est au début dans l’étalement de la couleur, et là, le lit d’une rivière, un ciel constellé attendent la venue d’un signe, d’une écriture, d’un sens. J’ai perçu cela en écoutant Erick Leprince; un grondement, puis une plume légère pour caresser une surface sauvage en attente de reconnaissance.

Chacun fonctionne avec son passé, ses souvenirs d’enfance, ses émotions lointaines, sans trop savoir l’ordre et la logique de l’homme éveillé, mais comme un besoin de faire surgir une « image » qui parle à notre imaginaire.

Mais allez donc connaître les raisons qui entraînent le désir créateur ? La présence en grand nombre de bois africains, de masques, de fétiches sur les murs, marque l’intérêt pour d’autres cultures. Les quelques meubles orientaux, et tapis recousus aux couleurs discrètes et raffinées sont là pour nous guider vers la liberté des goûts et, puis aussi la nature, depuis toujours avec les ruisseaux, les poissons, les arbres et le grouillement des talus, tout cela au plus près pour tout palper avec ce désir constamment ouvert sur la vie.

J’aime un atelier, une maison où la profusion des objets, des oeuvres laisse découvrir le travail où la vie déborde, envahissant l’espace, en offrant à la parole le soin de tenter de suivre l’évidence des peintures.

Une œuvre ce peut être cela, non un tableau, mais une conjonction vibrante d’éléments qui se cherchent et s’assemblent, formant une continuité d’inspiration dans laquelle la nature, comme le spirituel, puisent leurs racines, révélant la présence d’un auteur.

Maintenant, aux peintures de dire....

Roger Blaquière